Élevage

Ferme aux Pampilles à Masevaux

Le plein air leur va bien

Publié le 17/05/2020 | par Jean-Michel Hell

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Élise, Jérôme et leurs deux enfants vivent entourés d'animaux.
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Élise élève 30 chèvres pour produire yaourts et fromages.
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La ferme aux Pampilles se trouve en pleine nature, mais non loin du centre-ville de Masevaux.
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Les cochons sont élevés en plein air, sur des parcelles situées dans la forêt.
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Le magasin de vente a récemment été agrandi pour atteindre 100 m2.
Jean-Michel Hell

Depuis 2012, la ferme aux Pampilles à Masevaux est entre les mains d’Élise et Jérôme Happel. Le couple propose, exclusivement en vente directe et sur deux marchés de la commune, sa propre production de fromage de chèvre bio, de charcuterie et de viande de porc dont l’élevage se fait en plein air.

Rien ne destinait Élise à travailler dans le monde agricole. « Je suis originaire de Kientzheim. Mon grand-père était viticulteur. C’était l’un des fondateurs de la cave. J’allais parfois dans les vignes mais ce n’était pas mon truc. J’aimais dessiner et créer, j’ai donc suivi des études d’architecture. Quand j’ai rencontré Jérôme, il m’a fait découvrir son secteur d’activité. Un coup de foudre. Pour lui et ce métier », raconte la jeune femme. Ils s’installent en 2012 sur ce site non loin du centre-ville de Masevaux, entouré de forêt et tout juste à l’écart des habitations.

« Il y avait un ancien bâtiment d’élevage de moutons que nous avons rénové. Nous avons ensuite construit un atelier de transformation pour la charcuterie et la fromagerie. C’est moi qui me suis installée la première après avoir suivi des formations et des stages, notamment à la ferme Schirck à Mollau. Jérôme, lui, a d’abord été boucher. Il a même été meilleur apprenti de France. Il a ensuite travaillé à l’abattoir de Cernay pendant cinq années, puis à la ferme du Grumbach à Durlinsdorf avant de me rejoindre ici », raconte Élise Happel.

L’aventure démarre véritablement en mars 2012. L’activité de la ferme fleurit, avec une particularité… la variété des animaux. Aux Pampilles, il y a des cochons, des chèvres, des chevaux, des volailles et deux vaches avec leurs veaux. « C’est mon idéal de ferme. J’ai trouvé mon truc. Proposer à la vente directe nos produits en les transformant sur place. Le tout, avec une certaine éthique respectueuse de l’environnement et en production biologique. Nous nous autogérons », insiste la professionnelle.

 

 

Fromages de chèvres

Elle s’occupe des chèvres, de la transformation laitière et du magasin de vente alors que Jérôme s’intéresse aux cochons, à la découpe et à la transformation pour la charcuterie. « Nous avons trente chèvres. Cela me permet de fabriquer diverses variétés de fromages, de la pâte molle, de la tomme que j’affine pendant deux mois, une autre tomme plus crémeuse et, ce qui marche le plus, des yaourts avec du lait de nos chèvres. On fait une soixantaine de variétés comme des yaourts aux plantes. Nous en faisons et vendons 800 chaque semaine. On a réussi à créer la demande auprès de nos clients. Au départ, j’en faisais avec cinq litres, ensuite soixante puis une centaine. Aujourd’hui, les très bonnes semaines, je peux faire jusqu’à 110 litres. Nos yaourts sont exclusivement vendus ici, sur la ferme. Mon seul revendeur, c’est Jacky Quesnot qui nous prend 120 yaourts par semaine », explique Élise Happel.

Les chèvres sortent dès qu’il y a de l’herbe. Elles sont dans le bâtiment la nuit. Le couple leur donne du foin car elles ont besoin de fibres. Elles reçoivent également dans le bâtiment du regain de luzerne. Pendant ce temps, les cochons, eux, sont achetés à l’âge de deux mois et engraissés pendant six mois. Pas avant, car cela demeure compliqué de trier des porcelets en production biologique. Il y a 120 cochons. Actuellement, c’est le démarrage des naissances.

L’élevage se fait donc en plein air sous la houlette de Jérôme. Les cochons sont sur différentes parcelles, situées près ou dans la forêt riveraine. « On a toujours fonctionné de cette manière. Ils sont uniquement dans le bâtiment en hiver, de décembre à mars. Ils se nourrissent des pâtures et des céréales, en bio, sans OGM ni soja de déforestation », précise le couple. Dans ces parcelles en plein air, il y a toutes les normes de sécurité et de bien-être animal nécessaires avec la présence obligatoire d’une mare. Les parcelles interpellent également par leurs grandes surfaces. Jérôme propose ensuite une sélection de viandes transformées à la ferme après un abattage à Cernay  : viande fraîche, fumée, salée, charcuterie et abats, avec des saucisses à cuire en hiver et des grillades en été.

 

 

Un circuit interne

Les deux éleveurs ont également deux vaches, des vosgiennes. « Historiquement, j’avais déjà deux vosgiennes que j’attelais pour les manifestations. Ensuite, on a eu une simmental. On a racheté une vosgienne. En hiver, c’est intéressant d’avoir des vaches, mais également des chevaux. Ce que les chèvres ne mangent pas, on le donne aux vaches. Et si les vaches ne le mangent pas, on le donne aux chevaux. C’est un circuit interne. On donne le meilleur à certains animaux et les reflux vont à d’autres. C’est un système qui fonctionne bien. Là, on vient de récupérer un veau. C’est notre premier veau d’adaptation. Nous voulons voir s’il va être accepté par les deux vaches. C’est la raison pour laquelle nous les mettons quelques jours dans un de nos prés que nous avons en location », poursuit Élise Happel.

En 2019, il y a également eu cet investissement dans l’agrandissement du magasin. Il est passé d’une surface de 20 à 100 m2. Il est ouvert les mercredis de 16 h à 18 h et les samedis de 9 h à 12 h 30. « Nous proposons notre production, évidemment, mais également les produits de trente partenaires, qui sont du secteur, et du vrac, en épicerie bio avec des grossistes. Et, quand ce n’est pas bio, c’est du local », raconte la jeune femme. La crise sanitaire et le confinement ont encore accéléré les ventes avec plus de 50 % du chiffre d’affaires en plus sur les mois de mars et d’avril. « Nous avons de nouveaux clients mais également les habitués qui, eux, ont acheté de plus grandes quantités. Nous n’avons jamais été en rupture de farine, par exemple, même si parfois, c’était tendu. Pour les œufs, nous travaillons avec la ferme Richart de Roppentzwiller », détaille l’éleveuse.

Le couple vit sur place avec ses deux enfants dans une maison en bois située à proximité. « Nous avons un rapport privilégié à la nature. Notre système fonctionne bien car les lieux sont adaptés. Nous vivons avec nos animaux. Nous avons trouvé un créneau et nous avons la chance d’être les seuls dans la vallée à proposer de tels produits avec ce mode de travail. Les seuls moments où nous quittons les lieux, c’est pour nous rendre sur les marchés de Masevaux, les mercredis matins, et un jeudi par mois, d’avril à septembre », conclut Élise Happel.

 

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