Vie professionnelle

Covid-19

L'école à la ferme

Publié le 16/05/2020 | par Florence Péry

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Germain Schmitt
Travail scolaire, le matin, activités diverses sur la ferme, l'après-midi : tel est le quotidien de Laure Feldmann, ici en compagnie de son mari Damien et de leurs fils, Lucas, 4 ans, et Robin, 8 ans.

Depuis la fermeture de l’école de ses enfants, Laure Feldmann, de Mittelhausen, a laissé tomber la traite du matin pour un programme beaucoup plus studieux. On est polyvalente ou on ne l’est pas…

Associée avec son mari Damien au sein du Gaec des Quatre ponts, Laure Feldmann travaille à temps plein sur l’exploitation de 100 vaches laitières, située à Mittelhausen. En charge de la traite, du suivi vétérinaire du troupeau et de la partie administrative, elle n’hésite pas à donner un coup de main dans les cultures quand le besoin s’en fait sentir. Alors, quand l’école de ses enfants a fermé en raison du confinement, elle a fait un pas de plus vers la polyvalence en assurant la continuité pédagogique depuis son domicile.

En temps normal, Lucas, 4 ans, et Robin, 8 ans, sont tous les deux scolarisés à l’école Clair de lune à Wingersheim, un regroupement pédagogique de six communes. Le plus jeune est en moyenne section de maternelle, l’aîné en CE2. Laure avait l’habitude de les déposer et de les récupérer au bus deux fois par jour. Plus d’école, plus de trajets… et plus de traite du matin non plus : Laure l’a déléguée à ses beaux-parents et à son mari. Elle s’occupe désormais de Lucas et Robin, le matin. « Ils sont plus ou moins attentifs selon les jours, constate-t-elle. En général, ça va mieux quand il pleut : la tentation de sortir est moins grande. »

La charge de travail varie, selon le niveau des enfants : « En maternelle, c’est gérable, juge Laure. On reçoit du travail en allemand et en français car Lucas est en classe bilingue ». Jusqu’ici, tout va bien : les couleurs, les chiffres, les mots d’usage courant ne posent pas trop de problèmes. « On verra ce que ça donnera dans cinq ans… », s’amuse la jeune femme, précisant qu’à la maison, on parle tout de même alsacien quotidiennement. Pour l’aîné, qui est en CE2 monolingue, les leçons et les exercices sont transmis par e-mail, par le maître : à charge pour Laure de les imprimer. « Il y a du français et des maths tous les jours. » À la demande de l’enseignant, elle essaie de laisser Robin se débrouiller « mais il y a des moments où il faut tout de même l’aider ». Grâce aux corrigés transmis par le maître en fin de journée, l’enfant peut même s’auto-corriger. Et, si jamais ça coince, Laure peut toujours contacter l’enseignant.

« Il y a deux ans, on aurait plus galéré »

Lorsque le travail scolaire est achevé, Laure reprend ses occupations à la ferme en compagnie des enfants. L’efficacité n’est pas tout à fait la même mais, dans l’ensemble, les choses se passent bien. « On aurait eu le confinement il y a deux ans, on aurait plus galéré. Là, ils arrivent à s’occuper un moment tout seul : avec le vélo, le tracteur à pédale… Le terrain de jeu est grand. Le grand surveille le petit », souligne l’éleveuse. Comme l’ensilage est tombé pendant les vacances de Pâques, Lucas et Robin ont suivi de près le chantier et accompagné leur père sur le tracteur. Ils ont aussi fait du jardinage et un peu de cuisine avec leur mère. Autant d’activités qui permettent d’occuper les journées, quand les sorties étaient restreintes au minimum.

Alors que le déconfinement démarre, Laure et son mari savent déjà que Lucas ne reprendra pas l’école avant septembre. Ils ne pensent pas renvoyer Robin en classe non plus, le 2 juin, comme ils en auraient la possibilité : maintenant que l’organisation est à peu près rodée, cette reprise pourrait à nouveau tout chambouler. Et ça, ils n’y tiennent pas.

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